Le métier d’entraineur face à l’IA

Sommaire

I. Introduction :

    J’ai pour habitude d’envoyer un questionnaire aux athlètes que j’accompagne en fin de saison. Ce qui ressort de ce bref questionnaire est qu’au-delà des contenus d’entrainement ce qui leur importe est d’avoir un contenu clair, personnalisé et hiérarchisé de leur entrainement. C’est aussi d’avoir un soutien dans l’accomplissement de leurs objectifs, des conseils et retours et un gain de temps dans leur entrainement. Enfin ce qui les réjouit c’est d’avoir un gain de temps non négligeable, un contenu adapté à leurs contraintes personnels et à leurs objectifs cyclistes.

    A l’heure des IA (intelligence artificielle), des plans d’entrainements non individualisés proposés gratuitement par des marques ou des organisateurs d’événements aux athlètes, c’est bien la capacité à individualiser et à accompagner le coureur dans la poursuite de ses objectifs que la raison d’être du métier d’entraineur se trouve.

    C’est aussi la connaissance fine de la discipline pratiquée par le coureur qui permet à l’entraineur d’offrir une plus-value indispensable. Une IA, qui est un outil intéressant, ne vous apprendra jamais lors d’une séance à gérer de façon adéquate votre braquet lorsque vous grimper une côte ou un col par exemple.

    II. L’IA : un outil intéressant pour un entraineur cycliste

    L’IA peut être un gain de temps précieux pour un entraineur et un athlète. Elle permet de structurer une pensée ou un processus d’entrainement, de donner une bonne base de départ à une réflexion. Elle permet aussi d’analyser l’énorme masse de données tirée de l’entrainement d’un athlète. C’est une aide précieuse de nos jours. En effet, les données fournies par les objets connectés (cardiofréquencemètre, capteur de puissance, de cadence…) ont envahi le domaine de l’entrainement cycliste. Elles sont devenues nécessaires à la réussite de l’entrainement d’un coureur. Il n’est pas toujours aisé pour un entraineur d’utiliser cette masse de données de façon efficiente dans le cadre d’un entrainement individuel.     

    L’IA peut également fournir des sources intéressantes lorsqu’un athlète ou un entraineur souhaite se documenter convenablement sur un concept comme la PMA (puissance maximale aérobie) ou ce qu’est un PPR (profil puissance record). Pour autant, il convient toujours de vérifier les informations fournies par une IA.

    Cette dernière permet aussi de s’apercevoir si l’on a oublié d’intégrer un élément intéressant ou incontournable dans la réflexion d’entrainement.  

    En résumé, l’IA permet de faciliter et optimiser le travail d’un entraineur. Elle permet un gain de temps substantiel pour ce dernier.

    III. L’IA ne remplacera pas un entraineur auprès d’un athlète

    Pour autant, l’IA ne permet pas de générer l’agencement des séances dans le temps qui correspond le mieux à l’athlète. Elle ne sait pas si cet athlète a besoin d’un volume d’heures conséquent pour être performant ou si au contraire il a besoin de nombreuses plages de récupération. Elle ne permettra pas, non plus, de réagencer dans l’urgence les entrainements en cas d’imprévu.

    L’IA ne remplacera pas non plus, la formation continuelle d’un entraineur compétent. Cette adaptation continuelle est aussi ce que j’aime dans mon métier et qui m’évite l’ennui ou de me reposer sur mes lauriers. Je passe beaucoup de mon temps à lire des articles sur l’entrainement, des podcasts, des interviews d’entraineurs confirmés.

    Par ailleurs, l’utilisation de l’IA dans l’entrainement cycliste demande à ce que l’athlète sache utiliser cette dernière. En effet, il n’est pas facile d’utiliser l’IA de façon optimale si l’athlète ou l’entraineur n’a pas été formé préalablement. Par ailleurs, l’accès aux plateformes d’IA spécialisées dans l’entrainement sportif peut coûter cher. Ainsi, son accès peut être hors de portée d’un entraineur ou un athlète.

    En outre, il convient de se poser la question éthique de la collecte des données d’entrainement sur ces IA. En effet, pour utiliser ces plateformes dans un but d’entrainement, il faut fournir à l’IA des données médicales comme sa fréquence cardiaque, son poids par exemple.

    Ainsi, l’intérêt de faire appel à un entraineur est la capacité de ce dernier à s’adapter très rapidement aux besoins et envies du coureur, à ses questionnements, ses doutes, ses joies ou ses insatisfactions. Un entraineur est un guide précieux vers la réussite des objectifs sportifs et un gain de temps substantiel pour l’athlète. L’entraineur peut aussi mettre à disposition de ses athlètes son réseau et ses contacts professionnels fiables (salle de musculation, coaching à domicile, magasins de cycle ou plus largement d’articles de sport, kinés…).

    En conclusion, de mes années d’expériences d’entraineur de cyclisme, les coureurs font appel à un entraineur individuel pour avoir un contact humain qualifié dans leur quête de performance sportive. Une IA peut se substituer dans une certaine mesure à un entraineur humain mais elle ne remplacera jamais le contact humain recherché par les athlètes ni le lien de confiance entre l’entraineur et l’athlète qu’il guide vers ses objectifs. L’IA ne remplacera pas non plus le soutien émotionnel qu’apporte un entraineur. L’IA est un outil un service d’un entraineur mais ne le remplacera pas. Les athlètes sont des êtres sociaux qui ont besoin d’interactions sociales pour être épanouis.

    Si vous souhaitez vous faire accompagner dans votre entrainement cycliste, n’hésitez pas à me contacter via mon site internet ou à l’adresse mail : antchevalier@yahoo.fr